Noce de Jean-Luc Lagarce

Création 2016

Une histoire de quête, une histoire de cycle, une épopée dans un mouchoir de poche, une fenêtre sur le monde, un reportage d’un côté et de l’autre de la frontière, une allégorie de la lutte des classes.

L’Homme, la Femme, le Monsieur, la Dame et l’Enfant. Contre vents et marées, ils veulent se rendre à la Noce. Invités ou clandestins, ils sont prêts à tout pour assister au banquet, pour avoir leur part du gâteau.Ce gâteau qui tarde à venir, qu’il faut conquérir, aller chercher, dévorer, emporter et essayer de sauvegarder. L’Homme, la Femme, le Monsieur, la Dame, éclaboussés par la musique dégoulinant des haut-parleurs dans la rue et annonçant la fête, décident que, cette fois-ci, ils ne resteront pas en arrière et participeront au banquet. Ils bravent les barrages, les barbelés, les chiens, les gardes, usent de toutes les ruses et de toutes les alliances pour entrer dans la salle du mariage, unis sous la même bannière «Pourquoi eux et pas nous?».Une fois dans la place, après quelques minutes de satisfaction, les ventres se creusent et les envies s’aiguisent à nouveau. Le festin tarde à venir, on s’impatiente, on se vexe. Décision est prise de continuer l’ascension, et d’aller à la source. Ils bravent les valets, les invités, les plats vides, usent de la force, la frustration attisant leur colère pour arriver à la table des mariés, unis sous le même slogan «Nous voulons notre part!».Sonne alors l’heure de la retraite, les chiens et les valets sont lâchés, il faut tout emporter, ne rien laisser du butin conquis et s’enfuir. Réfugiés, ils décident, une fois rassasiés, de prendre le large avec leurs nouvelles richesses et d’organiser leur Noce à eux. Ils bravent les timidités, marient l’Enfant et l’Homme, usent de toute leur bonne volonté pour croire à ce nouveau départ, et reprennent le festin, sourds aux bruits de révoltes derrière les barbelés par eux-mêmes érigés, unis par cette même obsession « J’en reprends. Je mange. Je profite.»